DERNIÈRES PARUTIONS

”La vieille dame au cœur du volcan” par Adèle O’Longh

Alice campe sur un bateau dans le port de las Palmas. Vidéaste fuyant le monde de l’image, embarquée sur un coup de tête pour un convoyage de voilier à Cuba, elle a été débarquée aux Canaries par des marins peu délicats. Déboussolée, elle erre dans le port au milieu des cargos et des containers, prend des bus au hasard, ou arpente les rues de la ville comme autant de voies ne conduisant nulle part. Un jour, au creux de l’ancien cratère du volcan de Bandama, elle fait la rencontre d’une vieille ermite.

Elle a pris appui sur son bâton et rabattu son chapeau de paille en arrière.
– Et toi ? Elle m’a demandé.
– Oh moi, j’ai répondu, je suis une âme égarée.
J’ai dit ça sans réfléchir. Légèrement. Avec une douce ironie. Pour l’amuser peut-être, je croyais. Mais Sarah a hoché la tête. Elle m’a regardée, et j’ai eu l’impression de devenir liquide, complètement transparente, de me dissoudre dans ses yeux noirs. Puis elle a eu ce sourire dans le regard, malicieux sourire que j’ai tant aimé.
– Aucune âme n’est égarée quand elle parle comme tu viens de le faire, elle a dit. On se partagera quelques dattes, si tu veux entrer.
Elle a écarté les tissus masquant la porte de sa maison, et je l’ai suivie à l’intérieur.
Adèle O’Longh vit entre Barcelone et les Canaries. Elle a écrit La voyageuse immobile (Après la Lune), Les montagnes dans les nuages (Hoëbeke), De Beauchastel à Barcelone (La Magrana).


“Éteignez la lumière !” 11 nouvelles noires d’Élise Fugler

Scénariste, formatrice, casse-cou impénitente accro aux apprentissages, Elise Fugler [site ici] explore à ses heures perdues les coins improbables du monde. Elle a publié Les Frigos ont horreur du vide (Baleine), L’Art du mou (L’Aube) et Nom de nom ! (Zinc).
Après une longue absence, elle redonne de ses nouvelles avec ce recueil d’histoires brèves, trash, loufoques, poétiques.
Pirates, psychopathes, savants fous, parents, enfants, assassins de tous bords. Une traversée des genres explorant toutes les facettes du sombre, à l’ombre du crime et de la mort.

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Version numérique.

"Ivan, allégresse et liberté" & "Berlin dernière", deux romans de Kits Hilaire

Après la Lune s’associe aux malfaiteuses littéraires de Kierol 24, qui ont uni leurs forces pour pallier les vicissitudes du milieu éditorial.
Kits Hilaire la Barcelonaise ouvre le bal avec Berlin dernière (réédition du roman-culte paru chez Flammarion en 1990) et Ivan, allégresse et liberté (inédit) [critiques sur Babelio]Version papier et numérique.
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Kits Hilaire interviewée par Luis Fernandez Zaurin

Une librairie après la lune, pour quoi faire ?

De 1980 à 2013, j’eus le plaisir d’éditer quelque 159 ouvrages, via la revue de poésie La Foire à Bras, les éditions Canaille, L’Aube, Baleine, Après la Lune. Des rencontres par milliers, des Anapurna de manuscrits, des festivals, des amitiés à gogo, des procès (dont un, retentissant, contre l’Opus Dei).
Ill. Antoine Femenia
Ill. André Lefort
Ill. Annie Dissaux

2013. Après la Lune met la clef sous la porte. Mon expérience éditoriale étant manifestement insuffisante pour trouver un tra-vail dans ce milieu, je consacre mon énergie à un roman en stand-by, plus ambitieux que les précédents, racontant les vies d’un ex-chauffeur de taxi parisien notant toutes ses rencontres sur des carnets.

2016. Mal remis d’un quiproquo avec le fan-tôme de Gaston Gallimard, à la porte duquel j’avais frappé, le roman paraît. Et disparaît aussitôt, victime d’une diffusion calamiteuse. Un désastre éditorial aux allures de Dien-Bien-Phu, avec épisodes de guerre de tran-chées avec l’éditeur, dont ma dernière vision restera son silence assourdissant lorsqu’un sien comparse m’abattit une chaise sur le crâne le jour où je déclarai au Journal de Saint-Denis : "Si ce livre meurt, je meurs avec lui." Ce qui n’était pas qu’une boutade. Voilà pourquoi Lesprit Bénuchot, retiré des rares librairies où il fut en rayon, est disponible ici.
2018. Après la Lune renaît et s’encanaille avec l’association de malfaiteuses littéraires Kierol24.
2019. Résurrection de L’Esprit Bénuchot lors du premier “Printemps bénuchot”.

De Canaille à Après la Lune : quelques complices

ANDREVON (Jean-Pierre)
Auteur prolifique de SF ayant fait les beaux jours de Présence du Futur, contaminé par le polar, Andrevon écrit, dessine et chante
BENOTMAN (Hafed)
N’a jamais été publié dans la maison, mais Canaille était sa maison, et nous avons beaucoup ri et trinqué ensemble. Il nous a quittés en 2015.
BULTEAU (Yves)
Passionné par la préhistoire, il a longtemps vécu sous d'autres cieux avant de revenir en Vendée vivre le reste de son âge. Et écrire de magnifiques romans, dont un épisode épique de Moulard, où il ridiculise Philippe de Villiers.
BURON (Fernand)
Le destinataire du Casse-toi pov'con! ne porte pas ce nom, mais il apprécia le canular, qui mystifia l'AFP et amusa beaucoup les habitants de Saint-Martin-des-Besaces (Calvados) et les flics du commissariat parisien de la rue de la Bienfaisance.

CHERRUAU (Pierre)
Marathonien, journaliste, le plus africain des auteurs de polar français a écrit avec Nena rastaquouère, qui se passe au Nigéria, l'un des plus beaux romans jamais écrit sur le “continent noir”. Il est décédé accidentellement pendant l’été 2017.
CHEVRON (Michel)
Avant d'écrire des romans reconnaissables à sa “patte” ciselée et à ses personnages hénaurmes mais tellement humains, il fut ouvrier puis prof de mécanique. On le voit ici expliquer à un Stéphane Geffray admiratif le principe de l'ambivalence de la vis sans fin.
COHEN (Sylvie)
Dissèque à merveille les névroses familiales. Elle exerça long-temps un mystérieux métier à Marseille, qui lui inspirera le western urbain Mammouth rodéo trash, avant de monter respirer l’air de plus en plus frais de la capitale. 
DUMAL (Alexandre)
Adoubé par Manchette qui préfaça Je m'appelle reviens, Charlie l'insoumis raconte la dégueulasserie d'une société qui ne fait pas de cadeau à ceux qui marchent en dehors des clous. Sa Confrérie des chats de gouttière est une pépite.
FÉREY (Caryl)
“Ce n’est pas parce que tu viens de la grande plouquerie interna-tionale que tu ne réussiras pas !” lui lancèrent un jour ses copains au café Mamouti, avant d’improviser un mémorable haka qui lui portera chance.
FÉTIS (Laurent)
Remarqué en 1992 à la Série noire avec Le mal du double bang, ce bricoleur génial du roman de genre hante les nuits parisiennes et possède une invraisemblable collection de chapeaux.
FILOCHE (Pierre)
Pionnier de l’écurie Canaille (Le banquet des ogres), ses romans sont empreints d’une poésie “échenozienne”. Ne comprend pas qu’on lui demande s’il est inspecteur du travail alors qu’il a fait toute sa carrière au ministère de la Santé.
FUGLER (Élise)
Scénariste, formatrice, casse-cou impénitente, elle explore à ses heures perdues les coins les improbables de la planète. Elle allie comme personne le loufoque, l’horrifique et le second degré.

GOBIN (Arnaud)
Cumule les fonctions d’artificier (l'hydroxyde de strontium et le sulfate de cuivre n’ont aucun secret pour lui), de réalisateur de docus TV et d’auteur de polars made in Côte d’Azur dans lesquels on tue et mange avec une délectation quasi-chabrolienne.
JAILLET (Nicolas)
Comédien, musicien, il est devenu écrivain pour faire plaisir à sa mère et confesse une admiration sans bornes pour les super-héros, qu’il revisita avec Nous les maîtres du monde. Il arrondit ses fins de moi en faisant des prêches. Sa remarquable Maison vient d’être rééditée en poche.
MATALON (Anne)
Nous a quittés en 2012, après 14 ans d’un combat acharné contre le cancer. Anne Kunvari a réalisé un film très émouvant sur sa fin de vie, Le moment et la manière. Elle laisse des inédits, dont un épisode hilarant de Moulard où le héros converse avec un blaireau.
MIZIO (Francis)
Sa fascination pour les flamants roses et son érudition concernant la brouette ne sauraient faire oublier que cet ancien journaliste, ex-webmestre d’Après la lune, est avant tout un écrivain. Il travaille à une somme monumentale sur les indiens Macroqa.
MOULARD
Héros de roman-feuilleton né dans une coquille de Ouest-France en 1999 à Pordic (Côtes d’Armor). Nous partîmes 23, nous arrivâmes 6. Cinq épisodes inédits.


POUY (Jean-Bernard)
Les éditions Canaille lui doivent beaucoup. Son art consommé de la dédicace émut aux larmes feu Alain Griotteray (maire de Charenton-le-Pont), qu’il gratifia d’un vibrant “Cher Alain, si un livre devait un jour vous pénétrer, il serait bon que ce fût celui-là.”
Cesare Battisti, Pouy, Reboux, cocktail Canaille, 1994
RAJSFUS (Maurice)
Né en 1928, il entretient sa mémoire (et la mémoire collective) en écrivant des ouvrages sur le régime de Vichy, la rafle du Vél’ d’hiv, la police française (qui arrêta ses parents, déportés à Auschwitz) pendant l’Occupation, jusqu’à nos jours. Il nous a quitté en juin 2020.
REBOUX (Jean-Jacques)
Ce cliché, lors de sa prise en charge par les Dr Polar de Mauves-sur-Loire, après qu’il prétendît avoir été victime d’un dentiste foud’une dingue mythomane, d’une magistrate nantaise, se passe de commentaires. Comment un individu aussi perturbé aurait-il pu faire fortune dans l’édition ?
ROUCH (Sylvie)
Son Corps-morts est un magnifique hommage au bulot, au port de Granville et à ses marins-pêcheurs. Elle n’a aucun lien de parenté avec l’ethnologue Jean Rouch.
ROUTIER (Philippe)
Créateur artistique des collections Lunes blafardes et La Maîtresse en maillot de bain (d'après une sculpture de Caroline Michel), son album Portraits-robots est en quête d'éditeur.
SINIAC (Pierre)
Ce génial constructeur d’histoires qu’admirait Manchette incita l’auteur de ces lignes à écrire, longtemps avant de lui offrir la fierté de devenir l’un de ses éditeurs. Il est décédé en 2002.
TOUZEIL (Jean-Claude)
Poète, collagiste, il a beaucoup écrit sur les arbres et illustra les premiers livres de Canaille. Il organise depuis 25  ans un printemps de la poésie dans son village ornais de Durcet.
VACHER (Serge)
S’en est allé en 2013 reposer dans son Limousin natal, peu après avoir pris sa retraite d’instituteur. Il grattait la guitare et publiait la revue La Vache qui lit.

ZAY (Dominique)
Sa position tragique à la fin de l'alphabet n'arrangea pas l’inconstance de ce garçon, qui exerça mille métiers, dont celui de strip-teaseur, avant de se consacrer au théâtre.